Spaseen FO résistance

En avant, marche arrière !

Les personnels du rectorat de Grenoble se sont massivement mobilisés au mois de juin 2016. Cette mobilisation visait à dénoncer la dégradation des conditions de travail et à revendiquer leur amélioration.
Les représentants mandatés par les personnels pour porter leurs revendications auprès de la Rectrice et de la Secrétaire générale d’académie ont reçu des réponses positives, à l’issue d’un dialogue qui semblait ouvert et constructif. Ni suspicieux ni naïfs, nous avons pris acte des réponses apportées avant de décider collectivement de suspendre nos actions pour laisser le temps à l’administration de mettre en oeuvre ses engagements. Mais comme le ministre l’a déjà répété à plusieurs reprises, nous rappelons que la confiance ne se décrète pas, elle se construit !

Le respect des personnels passe aussi par le respect des engagements.

Arrive aujourd’hui le premier anniversaire de la mobilisation : le bilan est (très) mitigé !

  • La panne de dialogue n’est toujours pas réparée dans la plupart des services au sein desquels l’absence de transmission d’informations reste récurrente.
  • Un recensement des situations de surcharge de travail devait être effectué par l’administration et un travail mené pour revoir les fiches de poste des personnels qui pour la majorité n’étaient pas à jour. Un an après, nous ne voyons pas les résultats de ces travaux. Les collègues voient toujours les heures supplémentaires s’accumuler. Pire encore, les personnels en arrêt maladie tardent à être remplacés dans certains services !
  • Le groupe de travail traitant des astreintes, des heures supplémentaires et des permanences s’est réuni le mercredi 7 juin. Il aura donc fallu attendre un an pour voir l’administration tenir cet engagement, a minima, puisque la revendication – telle qu’elle avait été acceptée par le Recteur – portait sur un schéma regroupant des représentants de l’administration, des organisations syndicales et des personnels. Ces derniers n’ont pas été invités à participer aux discussions.

Les réponses de l’administration sur les trois points à l’ordre du jour de ces discussions ont été sensiblement identiques à celles apportées en juin 2016. Les représentants FO ont exprimé leur déception et leur agacement face à l’absence de préparation de cette rencontre : il y a un an, les constats et les difficultés rencontrées par les collègues ont été largement exposés, la situation est connue de tous ; comment accepter aujourd’hui que de vraies solutions ne soient pas proposées par l’administration et mises en oeuvre concrètement ?
Il a été reconnu directement que le travail de recensement des situations de surcharge de travail n’a pas été entamé. La proposition de l’administration vise à faire en sorte qu’il soit finalisé pour le 14 juillet – date repoussée au 31 août. FO a exprimé de fortes réserves, pour 2 raisons notamment :

  • Qui peut sérieusement imaginer que la concertation indispensable des personnels sera effective dans ce délai, alors que nous constatons que dans de nombreux services de simples réunions de travail ou d’information à l’échelle d’un bureau restent inexistantes ?
  • Peut-on admettre qu’un processus qui aurait dû être enclenché il y a près d’un an soit mené en cette période de travail si intense dans plusieurs services, y compris pour les personnels d’encadrement ?

Par ailleurs, nous ne pouvons pas nous satisfaire des trois seules nouvelles annonces formulées dans le cadre de ce groupe de travail :
► L’ouverture d’un Compte Epargne Temps sera une possibilité ouverte à tous les personnels. Ce retour du CET ne répond pas aux attentes des collègues, qui souhaitent surtout retrouver des conditions de travail leur permettant de poser leurs congés.
► La mise en place d’une « pointeuse » et l’annualisation du temps de travail ont été, pour la deuxième fois en trois mois, évoquées par l’administration. FO s’oppose avec force à ce qui ne répondrait aucunement aux demandes des collègues : attendant des avancées significatives – conformément aux engagements – sur l’octroi de moyens supplémentaires et la clarification des missions de chacun, nous ne pouvons nous satisfaire de propositions qui marquent un retour en arrière, suspicion sur les heures de travail réellement effectuées d’une part et accentuation de la flexibilité de nos emplois du temps d’autre part. L’absence de projet de modification du règlement intérieur a été réaffirmée sans ambiguïté par Madame le Recteur il y a moins d’un an, nous n’accepterons pas qu’une nouvelle menace plane sur ces règles.

La situation des collègues en EPLE n’est pas plus enviable: comme dans les services, les heures supplémentaires se cumulent et ne sont jamais payées voire pas toujours récupérées.
FO rappelle que cette dégradation massive et brutale de nos conditions de travail est la conséquence des politiques d’austérité qui se succèdent depuis plus de 10 ans. Les 400 postes créés lors du quinquennat précédent sont une goutte d’eau face aux 10 000 postes supprimés antérieurement.
Le gouvernement nouvellement installé prévoit 20 000 suppressions de postes pour les personnels non-enseignants de l’Education nationale. Le SPASEEN-FO a interrogé le nouveau ministre sur ce nouveau plan social annoncé, sans obtenir de réponse claire. Si nous ne nous faisons pas d’illusion sur les objectifs de ce gouvernement quant au sort réservé aux fonctionnaires et aux missions de service public, nos positions resteront limpides :

  • Toute nouvelle suppression de poste serait inacceptable,
  • Seules des créations de postes de titulaires en nombre permettront aux services de fonctionner normalement,
  • Un plan massif de titularisation doit intégrer les collègues contractuels (CDD, CDI mais également les contrats aidés),
  • Les pertes de pouvoir d’achat subies depuis plus de 20 ans doivent être stoppées et corrigées par une augmentation générale des salaires,
  • Le maintien de tous les services académiques et établissements passe par l’abandon de la politique désastreuse de régionalisation et territorialisation.

FO n’est pas dupe. Les nouvelles suppressions de postes annoncées porteraient encore plus atteinte au fonctionnement de notre administration. Elles ne se feraient pas sans nouvelles fusions-suppressions de services.
La volonté du nouveau Président de la République de « réduire le mille-feuille administratif » et de « supprimer au moins un quart des départements » s’accompagnerait inévitablement de fermeture de DSDEN, voire de rectorats, notamment dans les régions nouvellement fusionnées.
De manière générale, le projet du Président reprend tous les poncifs contre les fonctionnaires et les salariés : réintroduction du jour de carence, remise en cause du temps de travail, nouvelle réforme des retraites, renforcement de la loi Travail. FO n’acceptera jamais l’Ubérisation des droits des collègues ou la mise en place des comptes personnels en lieu et place des droits collectifs inscrits dans le statut.
Dans l’académie de Grenoble comme ailleurs, le SPASEEN-FO a toujours combattu toutes les mesures menées contre les personnels. Nous n’accepterons pas la remise en question du moindre droit, de la moindre garantie et du moindre acquis.
Dans l’académie de Grenoble comme ailleurs, dans les services et les établissements – comme l’a dit le ministre de l’Education nationale lui-même – les personnels sont fatigués. Face à la dégradation de leurs conditions de travail, et au-delà des discours, ils attendent des mesures d’urgence.
Dans l’académie de Grenoble, les collègues ont toujours su se mobiliser dès que leurs droits étaient menacés. Le cahier de revendications et les moyens d’action votés par les personnels en 2016 demeurent. Personne n’est naïf, nous constatons tous que les effets des annonces et promesses de l’administration tardent à se concrétiser.

Les personnels doivent en être certains : en toutes circonstances, le SPASEEN-FO continuera de les défendre et de porter leurs revendications. C’est notre rôle. C’est notre conception de l’indépendance syndicale.

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