Mesdames, Messieurs les membres du CTSA,
« Liberté, égalité, fraternité ». Cette devise, LA devise devrait tous nous mettre d’accord et guider sans faille l’action de l’administration qui se doit d’être exemplaire.
Liberté d’informer et de circuler. Egalité de traitement des agents. Fraternité et non bienveillance.
Madame la secrétaire générale, notre organisation syndicale, comme d’autres, a été construite sur les valeurs qui sont celles de la République. Notre organisation syndicale, comme les autres, est et restera un outil d’information, d’organisation et de défense de leurs droits pour les personnels. En attaquant notre organisation syndicale ou toute autre organisation syndicale, vous vous attaquez aux Valeurs de la République héritées des conquêtes sociales et du Conseil national de la Résistance entre autres.
Après nous avoir expliqué que la loi de Transformation de la Fonction publique nous interdisait de vous alerter sur l’absence de traitement d’un signalement d’une assistante sociale pour permettre à une collègue de bénéficier d’un changement d’affectation pour échapper à un conjoint violent. Après nous avoir expliqué que la même LTFP obligerait chaque personnel accompagné par notre OS à vous fournir un mandat écrit quel que soit l’objet de l’accompagnement. Vous justifiez désormais l’interdiction d’accès aux services de l’académie de Grenoble pour les représentants mandatés par les OS par la circulaire Fonction publique de 2014 qui viendrait … restreindre les dispositions d’un décret et quel décret, le 82-447 !
Nous ne pouvons même pas sourire de cette situation ubuesque tant elle est dramatique pour l’ensemble des personnels et pour le Service public de l’Education nationale dans notre académie. En effet, à la victimisation nous préférons la détermination pour défendre le droit syndical et à travers ce droit syndical les droits de tous les personnels. Surtout, nous restons au contact des personnels en permanence. Si l’administration se permet ce type de comportements vis-à-vis de l’organisation syndicale majoritaire, quel traitement est réservé aux personnels ?
De nombreux collègues nous ont exprimé leur soutien mais aussi leur colère et leurs inquiétudes. « Illégal », « Dictature », « On prétend défendre les Valeurs de la République en nous ramenant à l’époque de Germinal », « On bosse comme des fous sans aucune reconnaissance et on veut interdire aux syndicats de s’intéresser à nous » etc. Toutes proportions gardées dans le respect de l’histoire des combats de la classe ouvrière pour voir émerger un droit social, il est bien question du respect des lois de la République. Le droit syndical autorise les visites de service pour distribuer des documents et pour collecter les cotisations syndicales. Le droit syndical oblige l’administration à répondre à nos demandes concernant les locaux syndicaux et les panneaux d’affichage syndical.
« Il ne faut pas avoir peur du dialogue social », nous empruntons les mots de monsieur le Directeur Général des Ressources Humaines pour le citer quand il nous indique le répéter régulièrement aux recteurs et SG d’académie. Nous disons chiche ! Pour FO, les instances sont le lieu privilégié de ce que vous appelez « dialogue social ». Pourquoi dans notre académie il aura fallu attendre le mois de décembre pour que le CTSA soit convoqué ? Nous trouvons la réponse à cette question dans les propos indécents tenus par les représentants de l’administration lorsqu’ils pensaient à tort avoir coupé le système de visioconférence le 2 mars 2021.
Aucun représentant FO n’est ici pour jouer un jeu malsain qui reviendrait à chercher à vous faire « sortir de vos gonds ». Nous sommes ici pour porter les mandats confiés par nos instances syndicales et par les nombreux personnels qui nous font confiance. Nous n’aspirons ni à vous agacer ni à être suffisamment complaisants pour vous plaire. Ce que nous revendiquons, c’est la régularité, la sincérité et le respect mutuel dans les relations sociales. Ce que nous revendiquons, c’est la liberté et l’indépendance.
L’égalité de traitement due aux personnels est mise à mal par le pseudo plan de revalorisation indemnitaire de la filière administrative et les conditions de mise en œuvre de la clause de revoyure pour les personnels ITRF. Les agents des services déconcentrés de l’académie de Grenoble ont reçu une belle claque ! Affectés dans les services les plus mal dotés en postes, ils ont bénéficié d’augmentations au rabais pour certains, à zéro euro pour d’autres. En ne respectant pas l’engagement d’information sur le montant de revalorisation et le classement dans les groupes de fonctions, l’administration a laissé les collègues administratifs s’interroger devant leur fiche de paye. Et apprendre que nombre d’entre eux sont exclus ! Et apprendre que dans plusieurs académies les montants d’IFSE sont supérieurs. Et apprendre que dans certaines académies la mise en œuvre des revalorisations a pris du retard dans l’attente des arbitrages ministériels suite à des demandes de rallonge budgétaire qui auraient été formulées par les secrétaires généraux d’académie.
Pour les personnels de ces académies, l’augmentation de l’IFSE dans le cadre du Grenelle de l’Education est significative et nous nous en félicitons pour eux, ce rattrapage attendu depuis longtemps rejoint nos revendications, il n’est que justice au regard du régime indemnitaire d’autres ministères. Pour autant, cela ne compense en aucune manière la perte salariale constatée depuis quelques années. Rappelons que les primes ne comptent quasiment pas pour la pension et peuvent varier en fonction des changements de postes. Rappelons également que si l’évolution du point d’indice avait au moins suivi l’inflation, les personnels percevraient entre 250 € et 500 € de plus par mois en début de carrière.
Pour l’académie de Grenoble, FO avait dénoncé la modicité de l’enveloppe et avait insisté sur la nécessité de solliciter une rallonge budgétaire, dans un contexte où la hausse des prix n’a jamais été aussi élevée. Ces interventions ont juste provoqué l’ire de madame la secrétaire générale de l’académie qui reprochait à FO de s’exprimer sur un plan du ministre que notre organisation syndicale n’avait pas signé au niveau national.
À Grenoble, les personnels attendront et subissent la double peine. La punition est même triple voire quadruple voire pire. Voilà que nous apprenons que les personnels de catégorie C qui ont assuré ou qui assurent des intérims sur des postes de catégorie B, comme ceux chargés de missions à responsabilités particulières, ont vu le montant de leur revalorisation indemnitaire calculé au 1er janvier 2021 amputé de la bonification indemnitaire. Quelle indignité ! Ces collègues ne bénéficiaient même pas d’un IFSE de catégorie supérieure mais juste d’une cinquantaine d’euros par mois. Et voilà qu’ils ont eu la désagréable surprise de voir cette maigre indemnité volée à titre rétroactif.
Pour les titulaires, pour les contractuels, pour les personnels de toute catégorie, le manque de reconnaissance et les humiliations de l’administration ne sont plus supportables. La coupe est pleine, les personnels vous le feront savoir.
Nous ne croyons pas aux promesses de « bienveillance » répétées à l’envi par notre administration. Nous défendons la fraternité qui devrait naturellement s’imposer, y compris dans l’organisation du travail et dans la gestion des personnels. Nous sommes malheureusement loin du compte. FO rejette toute tentative pour opposer les personnels entre eux.
Nous reprenons à notre compte la déclaration de la FNEC FP-FO lors du dernier Comité technique ministériel : « La FNEC FP-FO est aux côtés des personnels de services de gestion des payes et carrières. Nous revendiquons depuis des années la création des postes nécessaires pour assurer les missions. L’administration de l’Education nationale est aujourd’hui dans une impasse : en demandant aux agents administratifs de faire toujours plus de travail en étant toujours moins nombreux, le ministre espérait-il un miracle ? Le miracle n’a pas eu lieu, les services ne parviennent même plus à effectuer les opérations de paye dans les délais. Le 25 octobre dernier, monsieur le DGRH a adressé aux fédérations et organisations syndicales représentatives un courrier électronique relatif à des dysfonctionnements sur la paye d’octobre, indiquant les mesures prises pour rectifier le tir. Alors même que ces dysfonctionnements impactaient les plus bas salaires, les personnels de l’académie de Grenoble par exemple ont eu la désagréable surprise de voir leur salaire amputé sans information préalable et sans qu’aucun acompte ne soit prévu pour le 4 novembre. » Fin de citation.
Dans notre académie, l’administration assume désormais la priorisation des opérations impactant directement la paye. Compte tenu de la masse de travail, l’administration a choisi de reporter le traitement des tableaux d’avancement pour les ADJENES. Les « reclassements » promis aux personnels contractuels en 2018 n’ont jamais pu être mis en œuvre alors que les pseudos grilles mises en place sont aujourd’hui caduques car rattrapées par le niveau du SMIC.
FO redit que ces dysfonctionnements ne sont pas imputables aux agents qui sont aujourd’hui au bord de l’asphyxie ! La sous-administration de notre académie c’est avant tout le manque de postes dont les services crèvent. Un autre miracle n’a pas eu lieu : qui pouvait sérieusement croire que l’augmentation exponentielle de la contractualisation et l’accumulation des réformes à mettre en œuvre dans des délais de plus en plus contraints seraient absorbées sans moyens supplémentaires ?
Nos positions sont constantes, il ne s’agit pas d’incriminer les collègues gestionnaires ou leurs encadrants, en qualifiant par exemple comme l’administration leurs méthodes de travail de « travail à l’ancienne qui manque de modernité ». Nous mesurons leur investissement et leur expertise. Mais peut-on écoper à la petite cuillère un bateau qui coule ? L’administration ne peut pas d’un côté refuser de pourvoir les emplois permanents par des recrutements statutaires en utilisant notamment les listes complémentaires, refuser de généraliser les contrats d’un an pour les collègues qui assurent des missions permanentes, multiplier les petits contrats et les actes de gestion qu’ils entrainent, et de l’autre ne pas recruter massivement les personnels de gestion administrative nécessaires pour suivre toutes ces opérations qui demandent expertise et précision. Car au final, tous sont victimes : les collègues gestionnaires exténués, surchargés de travail, et les personnels gérés qui se retrouvent dans des situations parfois dramatiques.
Nous réaffirmons nos revendications, la transformation de tous les contrats en contrats d’un an, et le recrutement de tous les personnels pour répondre aux besoins.
Comme nous l’avons toujours fait, FO restera aux côtés des personnels, de tous les personnels. Les personnels du rectorat ont listé leurs revendications, dans lesquelles les personnels des DSDEN, des secrétariats de circonscription, des CIO, des EPLE, de toutes les structures se reconnaîtront. Leurs revendications pour défendre leurs rémunérations, leurs conditions de travail, leurs postes, le rejet de la précarité, le respect des agents et de leur travail, le refus de toute forme de clientélisme et de privilège, le devoir d’exemplarité dans la gestion des personnels comme dans l’utilisation de l’argent public, la fin des humiliations et des sautes d’humeur, leurs mots sont les nôtres, leurs revendications sont les nôtres. Ils savent pouvoir compter sur nous en toutes circonstances.